Année : 1981
Réalisation : Tobe Hooper
Avec : Elizabeth Berridge, Shawn Carson, Jeanne Austin
A être trop précoce, on risque de se brûler
les ailes. Malheureusement, Tobe Hooper rentre dans ce cas de figure.
Son premier film, Massacre à la Tronçonneuse, a non seulement redéfini
tout un genre mais a aussi projeté sur le devant de la scène un
réalisateur qui était loin d'avoir atteint la maturité nécessaire. Pour
preuve son second effort, l'honnête Le Crocodile de la Mort, mais qui
n'atteint jamais les sommets titillés par son film devenu culte. Se
plus, le style de Hooper, qui mélange comédie et terreur, n'est pas
encore assez maîtrisé quand Spielberg décide de lui confier
Poltergheist, certes réussi mais officieusement bouclé par le papa d'ET. Mais avant cette grosse production, qui sonnera la déchéance du
réalisateur texan malgré son succès retentissant, il signa un petit film
d'horreur assez méconnu et pourtant important pour comprendre la
destinée de Hooper : Massacres dans le train fantôme.
Quatre adolescents et le petit garçon Joey se
retrouvent dans une fête foraine et décident de passer la nuit dans le
train fantôme. Dans les sous-sols, ils assistent au meurtre d'une femme
par un tueur difforme. Une poursuite
terrifiante va alors s'engager dans ce train de l'enfer.
Dès l'ouverture, Hooper annonce la couleur en
parodiant deux classiques de l'épouvante : Halloween et Psychose. Un
enfant se déguise et organise toute une mise en scène afin d'effrayer sa
grande soeur, sous sa douche. La séquence est filmée à la première
personne, comme dans le classique de Carpenter, pour se terminer dans
une séquence reproduite quasiment à l'identique, musique stridente à
l'appui, de celle du non moins classique film signé Hithcock. La séquence se termine par une belle dispute entre frère et soeur. On a là
toute l'ambivalence du style Hooper : la séquence marche plutôt bien,
créée un certain suspens mais on ne peut s'empêcher de ressentir le
sourire en coin de l'auteur, qui s'avère parfois assez désagréable.
Après cette ouverture, il faut bien avouer
que le film sombre peu à peu dans une trame somme toute assez classique,
avec une description d'un groupe de jeunes plutôt banale. Ainsi, on se
retrouve avec une fille vierge, entourée d'un brave gars mais pas aussi
pur, et d'un couple déluré. Ce qui a pour effet de couper court à tout
suspens quand au final : on sait tout de suite qui s'en sortira et qui
va souffrir. De plus, Hooper prend toujours autant de plaisir à décrire
des protagonistes insupportables, dans le but facilement compréhensible, mais très risqué, de prendre plaisir à les voir mourir. Efficace dans un film comme
Massacre à la Tronçonneuse, où cette envie meurtrière est contrebalancée par
l'horreur de la situation créant un malaise évident. Mais pas ici, où ça ne va jamais aussi loin. On pourra tout de même saluer le traitement du bad guy,
monstrueux enfant déformé (bon maquillage signé Rick Baker, qui officia
pour Hurlements) et torturé par son aspect physique repoussant.
Visuellement, le
métrage trouve un certain intérêt. La situation, les quatre jeunes
enfermés dans une attraction pour une nuit, se trouve être un prétexte à
une photo efficace, en lumière naturelle pour les séquences
extérieures, et pleine de couleurs et d'éclairages étranges dans
l'attraction. Le résultat créé une impression d'action dans un univers autre,
dans une autre dimension. L'aspect factice des décors d'un tel endroit
sert une ambiance parfois oppressante, malheureusement gâchée par un montage pataud qui ne permet jamais de s'approprier le lieu.
Trailer